Les 15 bandes
originales de 2019

Après Ain't them Bodies Saints, Pete's Dragon et A Ghost Story, le discret mais talentueux Daniel Hart prolonge sa belle collaboration avec son compère David Lowery. The Old Man and The Gun est une partition tendre, légère et jazzy, taillée sur mesure pour les dernières aventures d'un Robert Redford gentleman-cambrioleur.

Une petite pause et déjà de retour, Danny Elfman retrouve l'univers fantastique de Tim Burton pour Dumbo, adaptation live du classique de Walt Disney. L'occasion de renouer avec un style riche et féérique, cher au tandem et que l'on n'avait pas entendu avec une telle verve depuis Alice in Wonderland.

Seul rescapé du contingent français dans ce palmarès 2019, Mathieu Lamboley n'a pas volé sa place. Avec Minuscule : Les Mandibules du bout du monde, le compositeur livre une généreuse partition, sa première pour un film d'animation, accompagnant avec finesse les moments intimes et avec panache les scènes d'actions, le film laissant naturellement une grande place à la musique.

Si l'on associe évidemment Randy Newman à ses nombreuses compositions pour Pixar, l'américain a prouvé à maintes reprises son talent pour adoucir le réel. Dans Marriage Story de Noah Baumbach, il se penche sur la déliquescence d'un mariage. L'orchestration délicate et l'écriture ciselée si caractéristique de Newman offre un écrin idéal à cette histoire simple et touchante.

Un an après Infinity War, Alan Silvestri retrouve la saga Avengers pour une conclusion particulièrement attendue. La recette ne change pas d'un opus à l'autre, les cuivres pétaradants accompagnant toujours à merveille nos héros en collants. Le résultat, lui, est toujours aussi efficace.

Après un Spider-Man: Homecoming de très bonne facture, Michael Giacchino retrouve l'homme araignée pour un voyage rythmé et dépaysant à travers l'Europe. Outre le thème toujours aussi enlevé et entrainant de son héros, Michael Giacchino arpente de nouvelles terres, notamment l'électronique pour caractériser le méchant, Mystério.

On la pensait conclue, la saga Toy Story revient pour un nouvel épisode et forcément, c'est avec plaisir que l'on retrouve Randy Newman à la baguette. Rien de très neuf dans cette recette magique, pilier de l'identité Pixar. Emotions et actions s'entremêlent, comme ici, sur l'un des plus beaux extraits de l'album, Parting Gifts & New Horizons.

2019 restera une grande et belle année pour Nicholas Britell. If Beale Street Could Talk, The King, Succession et donc Vice, huitième de ce palmarès. Dans ce biopic consacré au vice-président Dick Cheney, le compositeur retrouve Adam McKay et renoue avec la versatilité qui faisait tout le sel de The Big Short. Un atout aussi ici, pour ce long-métrage multi-sélectionnés aux derniers Oscars.

Autre compositeur particulièrement en vue cette année, Bear McCreary. Outre Outlander et Happy Death Day 2U, l'américain se distingue avec l'excellent Godzilla: King of the Monsters, hommage intelligent aux scores cultes d'Akira Ifukube et plus largement aux films de la Toho. Une déférence qui n'empêche pas au style McCreary de s'affirmer malgré tout !

Alan Silvestri poursuit sa légendaire collaboration avec Robert Zemeckis pour Welcome to Marwen, plongée fascinante dans l'esprit torturé de Mark Hogancamp, sauvagement agressé à la sortie d'un bar. Ici, Silvestri retrouve toute la sève de ses meilleures années, loin du côté décoiffant mais cadré d'Avengers. Un indispensable pour tous les amateurs du compositeur.

Dans les grandes collaborations réalisateurs/compositeurs, comment passer à côté de Pedro Almodovar et Alberto Iglesias. Avec Dolor Y Gloria, film introspectif et lumineux, Alberto Iglesias signe une partition sensible, écrite pour un sextet à cordes avec piano et clarinette. Tantôt tranchant, tantôt troublant, l'espagnol varie les ambiances. Autant de portes d'entrée dans l'esprit du grand réalisateur.

Si Ad Astra et Werk Ohne Autor auront sans doute davantage marqué les esprits des cinéphiles, impossible de ne pas citer Mary Queen of Scots dans ce classement de béophiles. En allant puiser dans l'esthétique d'Hændel et de Zadok the Priest, Max Richter donne un élan et un coffre au long métrage porté par la sublime Saoirse Ronan. Puissant et royal, à la mesure des fantastiques paysages et de la mise en scène léchée de Josie Rourke.

Neuf épisodes et 40 ans d'amour, John Williams tire un trait sur Star Wars avec The Rise of Skywalker. Si la dernière trilogie ne brille pas d'un point de vue purement cinématographique, John Williams continue, lui, de prouver toute sa maîtrise de la composition à l'image. Entre un thème de Rey sublimé et de nouvelles approches, le musicien a reussi le pari de se détacher de ses anciens travaux, donnant à cette trilogie, un caractère intime.

Terrence Malick change de compositeurs presque à chaque projet. Après Morricone, Horner, Desplat et Zimmer, c'est au tour de James Newton Howard d'investir un cinéma toujours aussi caractéristique et tranché. Le résultat ne déçoit pas, loin de là, Malick ne s'y trompant pas et puise largement dans la composition écrite par Howard. En travaillant sur les cordes, l'américain épouse la vision du sublime du réalisateur et livre une bande originale au diapason de son sujet et de son esthétique.

Sur la plus haute marche de notre palmarès se dresse John Powell pour son excellent et toujours aussi entraînant travail sur la saga Dragon. Dans ce troisième opus, The Hidden World, le compositeur pousse encore plus loin l'émerveillement, profitant pleinement de l'arrivée de la Furie Éclair. Parade amoureuse, monde caché, le terreau est idéal pour laisser éclore de nouveaux et fantastiques thèmes. Un feu d'artifice en guise de point final.